Femmes et coachs agiles, elles nous partagent leurs parcours

3 coachs agiles, des modèles à suivre !

Alice Barralon a travaillé dans le développement auparavant, elle est ensuite devenue chef de projet et a gravi les marches petit à petit. Ce qui ne l’a pas empêchée de passer par le syndrome de l’imposteur, surtout « quand on est une femme, blonde et petite ». Aujourd’hui, elle est coach agile chez Airbus, en indépendante.

Une rencontre a bouleversé son destin, Claude Aubry, « et le monde de l’agilité est venu à moi. Petit à petit, je suis devenue coach agile ». Mais, au passage, elle a passé un master en coaching de développement professionnel pour s’assumer pleinement dans ce rôle. 

Rachel Jolin Dubois, qui se dit « petite mémé de l’agilité », a eu un parcours atypique : fac de médecine, puis diplôme d’orthoptiste radiologue. Mais ses relations l’ont « embarquée dans le développement web à la fin des années 90 dans une des premières start-up de France ». Elle se passionne alors pour le produit et est amenée à travailler « avec des méthodes bizarres pour l’époque » dans de grands groupes et des start-up, avant de retrouver des méthode plus classiques après l’éclatement de la bulle Internet. Claude Aubry (encore lui !) est venu à sa rescousse. Chez Airbus également, au moment de l’interview, elle a rejoint Spotify en août 2021.

Magali Balaud est de son côté titulaire d’une thèse sur la relation homme-machine. Elle a par la suite co-créé deux start-up où elle a mis en place Scrum. Elle a aujourd’hui 5 ans d’expérience dans la mise en place de l’agilité à l’international : « Je préfère accompagner que créer le produit ». Aujourd’hui, elle est en poste chez Pyxis Suisse.

Qu’est-ce qu’un coach agile ?

Pour Alice Barralon, c’est « un casseur de silos qui accompagne le lâcher prise, apporte de nouveaux mindset, dans un monde incertain avec le principe de l’empirisme : apprendre en faisant ». 

Rachel considère qu’il n’y a « pas forcément de définition officielle, on peut retrouver le pire comme le meilleur. Mais la profession tend à avoir cette réflexion de professionnalisation, pour cadrer ce qui demeure encore un métier nouveau ». Magali explique de son côté que c’est la partie « coach » qui est parfois mal comprise.

Cela est d’autant plus vrai qu’en fonction des cultures, les définitions et les noms changent. Aux US, « le scrum master a cette étiquette de coach agile. En France, il y a un distinguo entre les deux » s’interroge Alice. « Mais comment un scrum master peut-il avancer au sein d’une seule équipe ? A titre personnel, je milite pour combiner les deux termes ! ». De son côté, Rachel pense qu’en France, ces deux métiers « n’activent pas les mêmes leviers, mais cela devrait être plus fluide entre les deux ». 

Comment être crédible en tant que coach agile… femme ?

La crédibilité à un tel niveau est essentielle pour s’imposer. Mais comment faire en arrivant dans une nouvelle entreprise ? Pour Rachel Jolin Dubois, cela dépend, car à chaque entreprise sa culture : « Certaines équipes m’ont déjà googlée avant que j’arrive, d’autres ne savent pas qui je suis, ni que j’ai déjà 15 ans de métier. Et, en tant que femme, j’ai fait face à plus de questions et discriminations hélas. Il faut savoir jongler avec ça ». 

Par ailleurs, est-il nécessaire d’avoir été développeuse pour être coach agile ? « Non, mais il faut avoir une culture, même si c’est moins vrai en dehors de l’IT. Seulement, voilà, les coachs agiles travaillent à 90 % dans les DSI des grands groupes » précise Rachel Jolin Dubois. Pour Alice Barralon, cela ne fait pas débat : « J’ai l’étiquette IT collée aux baskets ». Cette dernière affirme aussi qu’un « coach, ça se choisit et inversement ». Magali Balaud y voit quant à elle une richesse des profils et l’importance de ne pas se mettre de barrière : « Personnellement, je ne fais pas de testing par exemple, mais ce n’est pas un problème si la confiance est là ».

Pendant que Rachel Jolin Dubois revendique haut et fort qu’elle refuse de faire telle chose parce qu’elle est une femme, « mais uniquement parce que je suis compétente ». Faire abstraction du genre et se baser sur le relationnel et l’individu, voilà son crédo. 

Toutes les trois reconnaissent néanmoins que les choses évoluent avec les nouvelles générations et que les machos (hommes et femmes) sont peu à peu en minorité. Pour autant, lorsqu’elles travaillent à l’étranger, elles doivent faire face à des cultures différentes. En Inde, Rachel a côtoyé une équipe mutique, aussi bien en visio qu’en présentiel : « J’ai compris que mon statut de femme occidentale qui donnait des conseils passait mal ». Magali, qui travaille beaucoup avec l’Afrique de l’Ouest, doit aussi changer de vision : « Là-bas, faire des feedbacks négatifs est très impoli par exemple ».

Quels parcours emprunter pour être coach agile ?

Quel que soit son genre, devenir coach agile ne se décide pas du jour au lendemain ou sur un chemin tout tracé. Rachel Jolin Dubois ne croit pas que l’on puisse acquérir la confiance et la compétence rapidement : « C’est artisanal, il faut d’abord avoir exercé un métier, comme product owner, testeur, UX, dans le cadre de méthodes agiles.  Comme un coach de foot, il faut déjà avoir foulé le terrain. Je ne crois pas aux formations en 2/3 jours. Je dirais même plus : à cause de tout cela, on voit aujourd’hui les dégâts sur site, ce qui me conduit à faire beaucoup de recovery »

Les conseils de Rachel Jolin Dubois pour avancer dans son projet de devenir coach agile :

• Se rapprocher des associations agiles locales, il y en a dans toutes les grandes villes : elles organisent des meet-up, des ateliers, etc.
• Participer aux Agile tours : pour se nourrir des expériences des speakers, des contenus
• Faire partie d’un groupe de soutien : Les Duchess (IT) qui est un réseau de développeuses Java à la base et Women in tech

Et le télétravail dans tout ça ?

Après la période la plus difficile de la crise sanitaire, de nouvelles habitudes ont émergé. Mais comment travaillent les coachs agiles à distance ?

• Magali Balaud : « Quand j’ai dû passer en remote, cela allait car je connaissais déjà les gens. J’attends de voir ce que cela donnera avec de nouveaux projets et de nouvelles équipes ! »
• Alice Barralon : « Je milite pour le télétravail ! J’y vois plein d’avantages mais j’habite sur la côte, je ne suis donc pas très objective… Je comprends que cela ne convienne pas à tout le monde. » 
• Rachel Jolin Dubois : « Cela nous donne de nouvelles idées de coaching. C’est une manière différente et complémentaire de travailler. »
  

En somme, il n’y a pas de différences entres les femmes et les hommes coachs agiles, il y a surtout des différences entre les coachs tout court. Aucun(e) n’opère de la même façon. Mais pour ces trois exemples inspirants, des valeurs communes qui ne sont pas négociables : l’éthique, l’exemplarité, la transparence et le sens de l’humour.